Rebond de la demande et incertitudes sur l’offre
L’augmentation des prix de l’uranium s’explique par un regain de demande, couplé à des incertitudes liées à l’offre d’hydrocarbures. Cette situation a pour conséquence une hausse du nombre de réacteurs nucléaires en construction ou prévus dans le monde entier. Plus de 100 projets sont actuellement lancés dans des pays tels que le Royaume-Uni, la France, l’Inde, la Turquie, l’Égypte et la Chine. En Belgique, deux réacteurs ont vu leur durée de vie prolongée de dix ans en raison de craintes de perturbations de l’approvisionnement suite à la limitation des livraisons de gaz russe.
Cet intérêt croissant pour le nucléaire en France est également favorisé par les tensions qui pèsent sur plusieurs États producteurs d’énergie fossile. Le Niger, par exemple, a été touché par un coup d’Etat militaire l’été dernier, tandis que la Russie fait face à des sanctions internationales. La spéculation joue aussi un rôle dans cette hausse des prix : de nombreux investisseurs estiment qu’il est judicieux d’acheter de l’uranium, anticipant ainsi une augmentation continue des coûts.
Impact sur le coût de l’énergie nucléaire
Il est important de préciser que la hausse du prix de l’uranium n’a qu’un impact limité sur les coûts totaux de production d’électricité d’origine nucléaire. En effet, la partie la plus onéreuse de ce type d’énergie concerne la construction et la maintenance des centrales. Le combustible, à savoir l’uranium enrichi, ne représente qu’entre 5 et 10 % du coût total de production d’électricité.
De plus, la plupart des contrats liés à l’approvisionnement en uranium sont conclus sur plusieurs années, ce qui permet d’éviter les fluctuations importantes des prix. Il n’y a ainsi pas de risque de pénurie, car l’uranium peut être stocké beaucoup plus facilement que le pétrole. Par exemple, la France dispose de réserves d’uranium suffisantes pour alimenter ses centrales pendant plus de deux ans.
Le nucléaire : une alternative aux énergies fossiles ?
- Moins sensible aux fluctuations du marché
- Stockage plus aisé de l’uranium comparé au pétrole ou au gaz
- Émissions de CO2 réduites par rapport aux énergies fossiles
Même si la hausse du prix de l’uranium est un facteur à prendre en compte pour les pays qui investissent dans le nucléaire, il convient de rappeler que cette filière présente certains avantages par rapport aux énergies fossiles. Tout d’abord, en termes de coûts, le marché de l’uranium est moins sujet aux fluctuations que celui du pétrole ou du gaz, notamment grâce à la possibilité de conclure des contrats sur le long terme.
De plus, le nucléaire a un bilan carbone bien inférieur à celui des énergies issues des hydrocarbures. Certes, les centrales nucléaires génèrent certains déchets radioactifs, mais les émissions de CO2 liées à leur fonctionnement sont nettement plus faibles que celles produites par les centrales à charbon ou au gaz naturel.
L’augmentation des prix de l’uranium s’explique par une combinaison de facteurs géopolitiques, économiques et environnementaux qui favorisent une croissance de la demande pour l’énergie nucléaire. Néanmoins, il convient de relativiser cet impact sur le coût global de production de l’électricité d’origine nucléaire, compte tenu de la diversité des paramètres influant sur cette filière. Le nucléaire en France, comme dans le reste du monde, continue donc de représenter une alternative intéressante pour faire face aux défis posés par la transition énergétique.