Dans un projet de loi sur l’énergie souveraine, le gouvernement sortant prévoit des objectifs spécifiques en faveur du redémarrage de l’énergie nucléaire. Cependant, les acteurs du secteur des énergies renouvelables se plaignent de l’absence d’une cible claire pour l’électricité issue de sources renouvelables.
Un regain d’intérêt pour le nucléaire
Le texte gouvernemental vise à maintenir une capacité installée d’au moins 63 GW, avec de nouveaux réacteurs, à hauteur de 9,9 GW engagés d’ici 2026 pour une mise en service ultérieure et 13 GW supplémentaires par la suite. Arnaud Gossement, avocat spécialiste du droit de l’environnement, commente : « On passe de la volonté de s’appuyer sur un mix électrique à cette idée que le nucléaire est l’épine dorsale et que les énergies renouvelables apporteraient un soutien si nécessaire. »
Gossement rappelle également qu’à l’époque où Jacques Chirac était président, la France préconisait de ne pas avoir de catégorie spécifique pour les énergies renouvelables dans la loi, mais plutôt de créer une catégorie d’énergie décarbonée incluant le nucléaire.
Inquiétude des acteurs des énergies renouvelables
- Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), s’inquiète de l’imprécision du texte à propos de la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité. Il note un déséquilibre entre les approches données au nucléaire et aux énergies propres, avec une loi pour l’un et des régulations pour l’autre.
- Malgré leur participation active ces derniers mois, les professionnels du secteur des énergies renouvelables estiment que le projet de loi ne prend pas suffisamment en compte l’importance de l’électricité d’origine renouvelable dans la réduction de la consommation énergétique.
Manque de visibilité pour les investisseurs
Jules Nyssen craint en effet que ce texte n’enlève la visibilité pour les investisseurs du secteur des énergies renouvelables, contrairement aux promesses de planification. « Ce qui me dérange, c’est le déséquilibre dans l’approche entre le nucléaire et le renouvelable. »
Un enjeu pour la transition énergétique
Pour le SER, il est essentiel de rappeler que la transition énergétique implique avant tout de réduire la consommation d’énergie par la sobriété et l’efficacité, ainsi que par une meilleure répartition des sources d’énergie sur le territoire. Il est crucial de « s’appuyer sur un mix énergétique » incluant à la fois le nucléaire et les énergies renouvelables.
Les efforts consentis par les acteurs des énergies renouvelables sont indispensables pour permettre à la France d’atteindre ses objectifs en matière de lutte contre le changement climatique, tout en soutenant la croissance du secteur des énergies propres.
Vers une meilleure régulation ?
Face aux inquiétudes des professionnels du secteur des énergies renouvelables, il apparaît nécessaire de repenser l’équilibre entre les différentes sources d’énergie dans la loi, afin de garantir une juste place aux énergies vertes et assurer leur développement durable.
La loi sur l’énergie souveraine représente une opportunité pour définir la place des énergies renouvelables et du nucléaire dans la politique énergétique française. Il est essentiel que ce texte offre une meilleure visibilité à tous les acteurs du marché, afin de garantir la réussite de la transition énergétique et de favoriser le développement des énergies propres.