Albena Azmanova, une experte du capitalisme précaire
Dans un monde où la précarité devient de plus en plus courante, il est essentiel d’identifier et de comprendre les facteurs qui y contribuent. Albena Azmanova, professeure de science politique et sociale à l’Université de Kent au Royaume-Uni, s’est penchée sur cette question cruciale tout au long de sa carrière académique. Spécialiste de ce qu’elle appelle le « capitalisme précaire », Albena Azmanova analyse les mécanismes qui permettent à ce système économique de se réinventer constamment, souvent au détriment des plus vulnérables.
Les effets dévastateurs du capitalisme précaire
L’une des principales conséquences du capitalisme précaire est la croissance exponentielle des inégalités entre les individus et les communautés. En effet, alors que les revenus et les opportunités se concentrent entre les mains d’un petit nombre de personnes très fortunées, la majorité de la population doit faire face à une insécurité grandissante en matière d’emploi, de logement et d’accès aux services essentiels.
- La hausse du chômage et des emplois précaires (CDD, intérim, temps partiel subi)
- La difficulté croissante pour accéder à un logement abordable et digne
- La réduction de la couverture sociale et des services publics, en particulier dans les domaines de la santé, de l’éducation et des transports
Les vulnérabilités exacerbées par la crise sanitaire
La pandémie de Covid-19 a dévoilé et amplifié les failles du capitalisme précaire. Elle a mis en lumière les conditions de travail souvent précaires de nombreux travailleurs, notamment dans les secteurs du commerce, de la restauration et des soins à domicile. Face à cette crise mondiale, les gouvernements ont dû adapter leurs stratégies économiques et sociales pour tenter de protéger les plus fragiles tout en maintenant un semblant de stabilité économique.
Comment lutter contre le capitalisme précaire ?
Selon Albena Azmanova, il est primordial de remettre en question notre modèle économique actuel et d’envisager des alternatives pour réduire les inégalités et la précarité.
- Promouvoir un modèle économique plus juste et solidaire, mettant l’accent sur la redistribution des richesses et le bien-être de tous
- Renforcer les services publics et garantir un accès universel aux soins de santé, à l’éducation et aux autres services essentiels
- Instaurer des politiques de formation et d’emploi qui offrent des opportunités de développement professionnel et une sécurité de l’emploi à long terme
- Favoriser la coopération internationale pour lutter ensemble contre les inégalités et les problèmes socio-économiques mondiaux, tels que le chômage ou encore le changement climatique
Repenser notre rapport au travail et à la consommation
Au-delà des politiques gouvernementales et des actions collectives, il est également essentiel que chaque individu prenne conscience de son propre rôle dans le maintien du système capitaliste précaire. Nous devons repenser notre rapport au travail, en valorisant davantage les métiers dits « essentiels » et en promouvant une meilleure qualité de vie au travail.
La nécessaire transition vers un modèle plus durable et responsable
- Privilégier le commerce local et équitable, soutenant ainsi les entreprises et les travailleurs locaux et contribuant à une économie plus solidaire
- Réduire notre empreinte écologique, par exemple en minimisant notre consommation de ressources naturelles et d’énergie, ou en favorisant la mobilité verte (transports en commun, vélo, covoiturage)
- Encourager la démocratie participative et s’impliquer dans la prise de décision locale, notamment sur les questions d’aménagement urbain ou de politique sociale
En somme, face aux défis posés par le capitalisme précaire, il est impératif de travailler ensemble – gouvernements, entreprises et citoyens – pour construire une société plus juste, solidaire et respectueuse de l’environnement.