Le contexte politique turc
Chaque étudiant Erasmus venu à Istanbul pour un semestre est témoin et acteur de ce que l’on appelle l’enfer de Gezi Park. Suite à l’expérience d’un étudiant en sciences de la communication de l’université Bilgi, il faut souligner qu’il n’existe pas de médias indépendants en Turquie. Ce pays pourrait même être considéré comme une dictature militaire : critiquer le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan est strictement interdit.
La répression des manifestations pacifiques
Le 1er juin, suite à la réponse brutale du gouvernement turc face aux manifestations pacifiques dans les rues du pays, où hommes, femmes, vieux, jeunes, touristes et enfants protestaient, Erdogan s’est contenté de parler des méfaits du tabac et a exhorté les familles à avoir au moins six enfants. Pendant ce temps, les manifestants étaient agressés par les forces de l’ordre, blessés et suffoquant à cause des gaz lacrymogènes.
- Des personnes de tous âges participent aux manifestations
- Injured protesters struggle to breathe and receive first aid
- Aucun soutien ou empathie de la part du premier ministre Erdogan
La solidarité entre étudiants et habitants locaux
Les réseaux sociaux, outre leur rôle d’outil de communication entre les étudiants et leurs amis au sein du pays, ont également permis une certaine solidarité entre les habitants locaux et les étudiants étrangers. Ces derniers sont particulièrement impressionnés par la mobilisation des mouvements kémalistes et autres mouvements de gauche via Twitter, qui organisent et partagent des vidéos et livestreams pour informer les manifestants (et les observateurs internationaux) de la situation réelle dans les zones touchées.
Un sentiment de guerre civile à Istanbul
Le pays est traversé par un profond sentiment de guerre civile, avec des « batailles » se déroulant non seulement à Istanbul mais aussi à Izmir et Ankara. Les étudiants Erasmus implantés à Taksim rapportent que cette place emblématique était difficilement accessible en raison de l’utilisation intensive de gaz lacrymogènes et de canons à eau. On pouvait entendre les cris des manifestants exigeant la démission d’Erdogan jusque tard dans la nuit.
Lenteur de l’information et incertitude sur le nombre de victimes
Un autre aspect troublant pour ces étudiants étrangers impliqués malgré eux dans cette crise politique turque est la lenteur des informations qui leur parviennent ainsi que l’impossibilité de connaître le nombre réel de blessés ou de tués pendant les manifestations. La véracité de la situation est donc principalement basée sur les photos et les témoignages de leurs amis et connaissances locales, augmentant encore leur angoisse et leur sentiment d’impuissance face à cette violence.
Le parc Gezi : point focal du mécontentement
Bien que les manifestations se soient étendues au-delà des seuls habitants de Taksim, le parc de Gezi reste un point focal autour duquel s’articule l’action politique des manifestants. Le mouvement est généralisé dans tout le pays, avec des tendances d’action pacifiste comme la formation de chaînes humaines pour éviter la répression policière, ainsi que des actions plus violentes telles que l’incendie de véhicules assurant le ravitaillement des forces de sécurité.En conclusion, les étudiants Erasmus impliqués dans leurs études à Istanbul ont été témoins d’un pan important de l’histoire récente turque, avec une population loin de se taire malgré un régime autoritaire et répressif. Ces jeunes étrangers retournent chez eux avec un regard unique sur la réalité brutale de la politique et du brother dans les rues d’Istanbul, Izmir et Ankara.